Mardi 29 janvier 2 29 /01 /Jan 12:40

Touchée en plein coeur, émue de ces larmes qu'on ne peut pas vraiment laisser sortir à ce moment là.
Parce que ce moment là appartient à l'autre. C'est sa douleur, sa peine, sa torture.

Il était là, il venait d'arriver. une semaine pour nous, pour que l'on respire un peu, pour que j'y voie plus clair...
Il était là, il venait d'arriver et il a fait ce que je pensais infaisable, ce que j'imaginais impossible. En tous cas comme ça, devant moi...

Il a écrit son histoire; un petit bout de son histoire, mais un pavé quand même... Je l'ai laissé poser ses doutes, ses craintes; puis sa souffrance. Sans m'en mèler, en le regardant de temps à autre du coin de l'oeil; comme pour guetter un signe de faiblesse qui m'autoriserait à le soutenir autrement que par mon silence.

Il a écrit longtemps, silencieux, concentré, entré en lui même pour puiser l'énergie et la force nécessaire à cette mise à nu tellement inhabituelle.
Je me suis endormie, hypnotisée par les images d'une télévision que je ne regardais que pour qu'il ne sente pas mon regard sur lui, pour qu'il ne se mette pas la pressionà cause de moi.
De temps à autre, dans ce sommeil superficiel, j'ouvrais un oeil lorsque je l'entendais bouger, changer de position. Je le voyais les yeux rivés sur l'écran, l'air grave.
J'ignorais ce qu'il écrivait; juste que c'était important pour lui; c'était donc important tout court.
Je brûlais d'impatience et de crainte de ce qu'il me donnerait à lire.
Et je refermais les yeux, emportée par une fatigue étrange; forme d'ennui en l'attendant et de cet immense respect dû à celui qui, je le voyais, se livrait comme rarement.

Et il s'est levé; il est allé aux toilettes, laissant là l'ordinateur portable.

Combien de temps s'était il passé depuis qu'il avait commencé son travail? Une heure? Deux heures? Je l'ignore...

J'ai attendu qu'il revienne, il m'a tendu l'ordinateur en me disant que c'était dur à lire.

J'ai lu; deux fois. Une fois rapidement, comme si ma crainte allait me brûler, puis une deuxième fois; plus lentement; pour bien saisir tous les mots; toutes les phrases.
J'ai oublié son regard sur moi, sa présence, même, tant j'étais choquée de ce que je lisais.
Je ne voulais pas que ce que je lisais lui soit arrivé à lui, à cet être plein de lumière, de bonté, de gentillesse.

Je l'ai regardé sans dire un mot. Aucun mot ne peut exprimer ce qu'il y avait en moi; juste mon regard, peut être...

Il est retourné aux toilettes vomir ce que cette expérience d'écriture avait retourné en lui et il est revenu, l'air d'un enfant perdu qui implore une aide gravé dans le fond des yeux.

Je lui ai tendu les bras, il s'y est lové; tremblant de tous ses membres, sanglottant enfin de ces larmes qui devaient lui brûler la gorge et lui aveugler les yeux depuis si longtemps.

Pendant un grand moment je l'ai serré contre moi, carressant sa tête, lui sussurant des mots tendres et rassurants.
Je l'ai tenu comme une mère enlace son fils, comme une amie tiend un ami proche, comme une soeur console son frère, comme moi je tiens mon inclassable brisé par la souffrance.

Il a sangloté longtemps, comme un petit garçon qui a un immense chagrin. Puis il s'est calmé, sans doute vaincu par la fatigue.

Nous avons parlé; main dans la main, comme si rompre le contact risquais de le laisser replonger dans la douleur, dans la peur du méchant loup de son histoire.

Puis nous avons essayé de dormir. Il s'est tourné vers moi en me demandant si je pleurais.

Non, je ne pleurais pas. Aucune larme ne pouvait sortir. Aucune douleur qui me soit propre à ce moment là.
Juste un immense trou dans le coeur de l'avoir connu trop tard pour avoir une chance de lui permettre d'éviter encore cette douleur.

Un si je pouvais lancinant mes tempes impuissantes, une frustration incroyable de ne pouvoir le soulager mieux me retournant les tripes, une forme de blanc (tu comprendras) qui rendait ditincts mon corps et mon âme à ce moment là.

Je n'ai rien su te dire, mon inclassable à ces moments là, je n'ai pas su quoi faire alors que je t'ai invité à dire ce qui te rongeait. Je n'ai pas su t'aider à la hauteur de la confiance que tu me faite ce soir là en choisissant d'écrire ça alors que j'étais là.

Les seules larmes qui sauraient couler en repensant à cette soirée là seraient celle de l'incapacité de te prendre tes souffrances pour te rendre heureux.

Pardon d'avoir été si pauvre en humanité face à ta détresse...

Je t'aime

Par ether-et... - Publié dans : Mes amours
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Commentaires

Merci, tu n'as aucun reproche à te faire, tu étais là et c'est juste ce que je te demandais...Les mots souvent sont dérisoire et un geste tendre est beaucoup plus puissant. Je t'aime
commentaire n° :1 posté par : Inkan le: 30/01/2008 à 01h20

Je ne me fais pas de reproches, je suis frustrée, impuissante...J'aurais aimé, j'aimerais faire plus et mieux, c'est tout...

Bisous immenses

réponse de : ether-et... le: 31/01/2008 à 12h46
Tu sous estimes le bien que ta seule présence peut faire aux autres ...
commentaire n° :2 posté par : Lex le: 31/01/2008 à 08h41
Je ne l'estime pas, je n'y pense pas, je ne le calcule pas, je ne l'évalue pas.
En un mot, je ne sais pas! Lol.
(sms reçu : je sais que je suis chiante!!)
réponse de : ether-et... le: 31/01/2008 à 12h47
Ne sous estime pas ta présence; une mère ou une soeur en lisant ses mots n'aurait pas fait mieux...je tente depuis une dizaine de minutes d'exprimer un sourire...mais les mots ne refletent jamais le fond de ma pensée...alors juste merci d'avoir été la pour lui...l'humanité ce n'est pas de prendre la douleur de l'autre mais de lui tenir la main...
commentaire n° :3 posté par : nell le: 06/02/2008 à 22h25
Merci Nell de ces mots, venant de toi, ils sont d'autant plus précieux... Etre là pour lui dans des moments pareils; c'est plus que naturel.
Simplement, je me sens impuissante face à ces souvenirs, à ces douleurs. J'aimerais qu'ils n'aient jamais existé; pour personne et surtout pas pour ceux que j'aime (et ceux qu'ils aiment...)
réponse de : ether-et... le: 07/02/2008 à 14h43

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